NJ Devils: L’enfer est pavé de bonnes intentions
NHL – L’équipe du New Jersey à une nouvelle fois gâché sa semaine quasi parfaite de victoires en perdant leur dernier match contre les Sharks à domicile.
Si l’on devait demander une définition de la « douche froide » aux équipes NHL cette saison, inutile de dire que les Devils auraient probablement la meilleure. Après trois victoires d’affilée cette semaine contre les Sabres, Islanders et Flyers, les diables ont réussi le tour de force de perdre lourdement à domicile contre les Sharks, dernière équipe de la ligue et pire défense de NHL.
Un début de semaine canon
Après la magnifique victoire contre Buffalo 7-2, les Devils recevaient les Islanders pour la revanche du premier match gagné par les diables au mois d’Octobre.
Le résultat fut encore une orgie de buts, comme souvent avec les Devils, et une victoire au bout du suspense 5-4. Surtout on a eu l’impression de retrouver l’équipe incroyable de l’année dernière, celle capable de retourner n’importe quelle situation, peu importe le match.
Menés 4-2 à la fin du deuxième tiers, l’équipe de Lindy Ruff à finalement gagné le match au bout du temps réglementaire sur un but du revenant Lazar.
Auparavant les diables avaient complètement éteint les Isles, par l’intermédiaire de Jack Hugues, Hishier et Mercer. Une victoire acquise sur un Power Play et Penalty Kill efficaces, de la vitesse dans les passes et les déplacements, et une puissance de frappe inarrêtable en dernier tiers.
De bon augure avant un déplacement incandescent à Philadelphie deux jours plus tard.
Pour leur troisième match de la semaine, les diables affrontaient donc des Flyers qui restaient sur trois défaites en quatre matchs, mais qui se faisaient une joie d’affronter l’équipe du New Jersey, surtout après les propos de l’ancien quaterback des Giants Eli Manning qui avait mis le feu aux poudres lors de son émission « The Eli Manning Show ».
En effet ce dernier recevait Jack Hughes au MetLife Stadium, et en parlant du futur match des Stadium Series en Janvier, s’est fendu d’un « on aime pas Philly ici, il faut les battre ».
C’est donc dans un Wells Fargo Center bouillant que les Devils sont allés chercher leur troisième victoire de suite. Et ce fût de loin la plus convaincante des trois.
Tout de suite pris à la gorge en étant menés 2-0, les Flyers n’ont jamais semblé en mesure de rivaliser avec les Devils.
Holtz et J.Hugues se sont chargés des premiers buts, et malgré la réduction du score en deuxième tiers par Philly, Toffoli maintenait les Flyers à bonne distance pour mener 3-1 au cours du dernier tiers.
La maitrise du palais, l’impact physique et l’efficacité devant le but venaient confirmer l’embellie observée contre Buffalo et les Isles. Surtout la défense, le mental et les gardiens, notamment Schmid, semblaient enfin se mettre à niveau pour de bon.
Même après l’égalisation de Philly pour aller en prolongations sur des erreurs individuelles largement évitables, l’impression de maîtrise s’est matérialisée par le but de la victoire inscrit par le petit frère Hugues, Luke, qui alla marquer le but victorieux après 28 secondes de jeu.
Cette impression que chaque coup d’accélérateur de l’équipe pouvait finir en but s’était donc confirmée, et les supporters des Devils pouvaient donc légitimement espérer que la saison de leur équipe soit enfin lancée, après une trop longue période de rodage.
La rechute
C’était bien trop espérer de la part de diables décidés cette saison à faire du purgatoire leur lieu de villégiature.
Quelques jours plus tard, les Devils auront une nouvelle fois perdu toutes leurs certitudes en réalisant sans aucun doute leur plus mauvais match de la saison face à des Sharks en perdition cette saison.
Défaite 6-3, et une leçon de réalisme de la part des Sharks. 18 tirs aux buts seulement, et 6 buts marqués, soit un tiers au fond des filets. Duclair et MacDonald se sont fait plaisir en attaque, et hors de question que les Devils n’en laisse pas pour tout le monde.
Kaapo Kahkonen, le gardien de San Jose s’est lui aussi mis au diapason de son équipe, en arrêtant 44 tirs pour 0.936% d’arrêts!
En face Akira Schmid est à 0.706% d’arrêts, soit le pire pourcentage de la saison…
Les requins n’en demandaient pas tant pour aller chercher leur première victoire à l’extérieur de la saison, et pas forcément très étonnant que celle-ci arrive face à des diables s’étant vus trop beaux trop vite.
Mais au-delà de cette défaite si emblématique de la saison des Devils, c’est mentalement que l’équipe semble absente. Les trous d’air de cette équipe sont beaucoup trop importants pour espérer quoi que ce soit.
Le Forecheck (fait de récupérer la rondelle dans la zone adverse) est inconstant en fonction des matchs et de l’opposition, les Pinchs tournent trop souvent au désavantage de l’équipe du New Jersey, qui y laisse beaucoup d’énergie et n’est pas assez disciplinée pour compenser la vulnérabilité derrière en contre-attaque.
L’équipe laisse beaucoup trop les adversaires prendre le momentum du match, et n’arrive pas à « retourner la table ».
Un problème de coaching?
Ce qui nous amène inévitablement au problème de la gestion du groupe.
Cette équipe ressemble de plus en plus à un « One Year Wonder », fait de réussir une année et de ne pas arriver à confirmer.
Lindy Ruff est un entraîneur confirmé c’est une évidence. Il a amené les Sabres en finale de la Stanley Cup en 1999, il n’a connu que quatre saisons au bilan négatif dans sa carrière et il est réputé pour savoir tenir et gérer un groupe. Il a de plus réussi à ramener les Devils en playoffs l’année dernière, leur deuxième apparition en plus d’une décennie.
La soucis principal cette saison n’est pas de savoir s’il a les compétences, mais de savoir si l’équipe le suit toujours, ce qui est bien différent.
Car au-delà de toutes les déclarations en conférence de presse qui ne veulent plus dire grand chose dès lors qu’une équipe va mal, c’est de savoir s’il est toujours l’homme de la situation.
L’équipe n’a pas beaucoup bougé depuis la saison dernière, voire s’est renforcée en attaque.
Pourtant rien ne « clique » comme la saison dernière. Et le criant problème de l’équipe est mental. Indiscipline, pénalités, défense aux abois, débuts de matchs catastrophiques, gardiens aux enfers… La liste est longue pour une équipe qui prétend aux playoffs.
Tout naturellement la question du coaching se pose. Il est bien entendu trop tôt pour faire un procès à Ruff, et là n’est pas le propos, surtout après sa prolongation à l’inter-saison. Mais la question mérite d’être posée tant le bilan général de 11-10-1 des Devils reflète absolument ce qu’il montrent sur la glace, mais n’est certainement pas représentatif du potentiel de l’équipe menée par Jack Hughes.
On se souviendra notamment que Ruff n’avait pas été reconduit par les Dallas Stars après sa seule saison négative, malgré avoir été en playoffs la moitié du temps (2 saisons sur 4) et avec un contrat qui courrait toujours. On relatait déjà à l’époque un message qui ne passait plus, et le désir des Stars de franchir un nouveau cap.
Pas sur que si les Devils continuent autant de décevoir, la direction ne se pose pas elle aussi la question du coaching, et de comment bien entourer leur joyau Hughes.
Les intentions de Ruff et des Devils sont bonnes, attention à ce qu’elles ne viennent pas paver elles aussi le chemin déjà bien garni de la géhenne.
Credit Photo : Vincent Carchietta-USA TODAY Sports
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