Comment les Ravens peuvent battre les Chiefs ?

par 12 minutes de lecture
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NFL – C’est le grand jour, la saison régulière 2024 de NFL reprend cette nuit avec un choc au sommet remake de la dernière finale en AFC entre les Kansas City Chiefs et les Balitmore Ravens (coup d’envoi 2h20 heure française). À cet égard, nous nous demanderons aujourd’hui comment les Ravens peuvent avoir une chance de créer l’impossible dans le Missouri.

 

John Harbaugh lui-même aimerait avoir la réponse à la question de cet article, mais il le sait très bien au fond de lui, la montagne est de taille. Comment ses Ravens peuvent aller battre la franchise double championne en titre, devant son public du « Chiefs Kingdom », alors que celle-ci semble s’être renforcée dans l’intersaison ?

On espère pour lui qu’il a su trouver quelques réponses avant cet article, mais tout de même, y’a-t-il une faille exploitable dans la forteresse d’Andy Reid ?

 

Maximiser le jeu de course en attaque

 

Commençons avec le probable axe le plus évident d’attaque pour ces Ravens : le jeu au sol en attaque. Ce n’est un secret pour personne, Todd Monken, le coordinateur offensif des Ravens, était passé complètement à côté de son match lors de l’AFC Championship en n’appelant que 14 jeux au sol alors que son équipe était leader en la matière en termes de yards par matchs (156.5) et de jeux appelés total (541) sur la saison régulière 2023.

Compte tenu de l’immense pression dont il a été l’objet toute l’intersaison pour cette performance ratée, il y a peu de chances que Monken n’accorde que 3 courses à ses running back ce soir comme il l’avait fait en Janvier.

Mais, aussi et surtout, il y a de très fortes chances que l’approche du jeu de course de Monken soit modifiée par l’un des plus grand changement de l’intersaison en NFL et l’arrivée de Derrick Henry chez les Ravens.

 

Todd Monken le 27 Juillet dernier lors d’un entraînement des Baltimore Ravens. Mandatory Credit: Tommy Gilligan-USA TODAY Sports

 

Avec un joueur à plus de 9 500 yards, 90 touchdowns et 4.7 yards de moyenne par portée au sol en carrière, Monken va forcément revoir son plan et appeler plus de courses.

D’autant qu’à côté du « King » figurera l’un ou le meilleur quarterback de l’histoire en termes de jeu de course en la personne de Lamar Jackson, encore leader en yards total au sol parmi les quarterbacks l’an dernier et 22e meilleur de toute la ligue, surpassant des joueurs comme De’Von Achane, Zack Moss ou Alvin Kamara.

Il convient aussi de rappeler que les Chiefs n’excellaient pas l’an passé dans la défense au sol (ce qui rend la prestation de Monken encore plus incompréhensible) puisque c’était la 15ème équipe à donner le plus de yards au sol en moyenne par matchs (113.2).

Monken sera donc doublement, voire triplement, attendu sur le sujet ce soir et il n’a d’ailleurs pas cherché à s’en cacher lors de l’intersaison lorsqu’il déclarait :

« Nous n’avons pas assez bien coaché, nous n’avons pas exécuté à haut niveau, et cela commence par moi » en parlant du match d’AFC Championship face aux Chiefs ou qu’il précisait que « qu’il n’essayait pas de se justifier […] [mais] que généralement, nous devons rendre le jeu de course meilleur, c’est un fait, vous ne pouvez pas contrôler le jeu si vous ne pouvez pas courir ».

Alors Todd Monken appellera-t-il plus que les 31.5 courses de moyenne par matchs l’an dernier ? Cela est probable, d’autant que Lamar Jackson a perdu beaucoup de poids cet été et serait plus rapide que jamais.

 

Appréhender la défense de zone de Steve Spagnuolo

 

Là-encore, ce n’est un secret pour personne. Le triomphe des Chiefs au M&T Bank Stadium en Janvier relevait avant tout d’une défense de fer limitant l’explosive attaque des Ravens à 10 petits points (pire total de la saison).

Une défense alors pilotée par le fantasque coordinateur défensif Steve Spagnuolo qui avait fait « un travail incroyable » selon les mots d’Andy Reid. Mauvaise nouvelle pour Baltimore, « Spags » sera toujours en poste pour le match de ce soir et dans un Arrowhead gonflé à bloc, Jackson et les siens savent qu’une difficile soirée les attendent.

Si nous savons que Spagnuolo est un adepte de la défense agressive en privilégiant régulièrement des « blitz » (qui consiste à envoyer au moins 5 joueurs plaquer le quarterback), une fréquence d’actions blitz qui avait par ailleurs surpris Lamar Jackson en Janvier dernier puisque les Chiefs avaient blitzé sur 43.5% des « dropbacks » (action lorsque le quarterback prend au moins trois pas de recul dans la poche pour gagner du temps avant de lancer) du numéro 8 des Ravens qui avait alors exprimé son étonnement, « 50% ? C’est différent. On ne s’attendait pas à cela. ».

Pourtant, c’est bien face à la défense de zone que Lamar Jackson avait semblé être le plus en difficulté en Janvier 2024. Effectivement, NextGen Stats rappelait que la plupart des « scrambles » du MVP en titre (qui consiste à sortir de la poche sous la pression de la défense adverse) avaient eu lieu face à des défenses de zone et que 3 des 4 sacks subit par le quarterback des Ravens avaient eu lieu face à une défense de zone.

Lorsque l’on connaît la capacité de Jackson à étendre une action, on comprend bien que cette défense de zone l’avait largement gêné, lui qui ne parvenait jamais (ou presque) à trouver ses receveurs.

Mais, et cette fois-ci bonne nouvelle pour l’attaque des Ravens, le personnel défensif des Chiefs a légèrement changé durant l’intersaison.

Et parmi ces quelques changements, le plus gros d’entre eux est la perte de L’Jarius Sneed, héros de ce match d’AFC Championship lorsqu’il avait provoqué la perte de balle de Zay Flowers sur la ligne de marque, qui permettait à Spagnuolo de pouvoir essayer tous types de défenses.

Ce dernier demandait notamment à ses hommes d’être capable de couvrir aussi bien un tight end qu’un receveur, or il faudra voir si la perte de Sneed ou de Willie Gay affectera les plans de Sganuolo qui seront à n’en pas douter bons, mais qu’il faudra mettre en place.

Si les Chiefs conservent des éléments de haute volée comme McDuffie ou Justin Reid, il faudra voir s’ils sauront reproduire l’excellente performance de Janvier. Tout cela constitue un nouvel axe d’attaque pour les Ravens où les receveurs seront aussi attendus pour offrir des solutions à Jackson alors que la backfield des Chiefs a perdu quelques éléments forts.

 

Cibler les tackles offensifs de Mahomes

 

Difficile, voire impossible de détecter un véritable secteur de faiblesse (particulièrement en attaque) chez les doubles champions en titre, mais s’il y a bien une potentielle faille exploitable, le petit monde des experts de la NFL s’accordera à dire qu’elle se situe aux niveaux des « offensive tackles », qui sont les joueurs positionnés aux extrémités de la ligne offensive, chargés de protéger le quarterback, en l’occurrence Patrick Mahomes.

« Kansas City a fait beaucoup de choses bien ces dernières années mais le deal à 80 millions de dollars sur 4 ans accordé au tackle droit Jawaan Taylor […] reste un soucis majeur. Taylor a encore eu du mal en 2023 en affichant de pauvres marques dans le jeu de bloc au sol alors qu’il se plaçait dans le top 10 des tackles allouant le plus de pressions et d’impacts [sur le quarterback].

Une inquiétude encore plus grande se situe au niveau du tackle gauche avec la blessure de Donovan Smith qui va engendrer une concurrence entre Wanya Morris (3ème tour de draft 2023 n’ayant joué que 324 snaps), Lucas Niang (67 snaps joués sur les deux dernières saisons) et le rookie Kingsley Suamataia au poste. » analysait avec justesse l’équipe d’experts d’ESPN au moment de dresser les forces et faiblesses en présence de chacune équipe pour la saison à venir.

 

Patrick Mahomes (au centre) et Lucas Niang (de dos, à droite) lors d’un match face aux Cincinnati Bengals. Mandatory Credit: Joseph Maiorana-USA TODAY Sports

 

Si donc il n’y a pas de certitudes concernant l’identité du joueur qui démarrera à l’extrémité gauche de Mahomes, qui est par ailleurs la plus importante puisque c’est son côté aveugle (étant droitier), la seule certitude est qu’un jeune joueur, peu expérimenté et à première vue pas à haut potentiel occupera le poste.

Cependant, les Ravens ne sont pas à l’abris d’un nouveau tour de magie du staff des Chiefs qui aiment révéler des talents inconnus. Et surtout, ces inquiétudes ne sont pas nouvelles et n’ont pas empêchées Mahomes et sa clique de gagner les deux derniers Super Bowl.

Le numéro 15 de Kansas City sait pertinemment que ces postes de tackles sont le gros point faible de son attaque, mais le magicien qu’il est ne semble être que très peu affecté par cela. Pour preuve, en Janvier dernier, Mahomes n’avait été sacké que deux fois face à la défense qui en avait pourtant réalisé le plus parmi toutes les défenses de NFL (60).

Malgré tout cela, il semble tout de même nécessaire que le pass rush de Baltimore vienne mettre la pression sur ces deux tackles qui se sont donc légèrement affaiblis pendant l’intersaison, pour espérer avoir une chance de ralentir cette attaque (en partant du constat qu’il est impossible de museler Patrick Mahomes).

La perte de Patrick Queen côté Ravens (3.5 sacks, 133 plaquages et 1 interception en 2023) pourrait (devrait) tout de même rendre la tâche un peu plus difficile, mais laisser du temps à Mahomes est le passeport pour se faire tuer, surtout avec l’ajout de receveurs rapides à l’intersaison (Worthy, Brown, Smith-Schuster notamment).

 

Gagner la bataille des pertes de balles

 

C’est un dicton bien connu (et assez cliché) des entraîneurs de NFL mais pour gagner un match il faut : être bon sur troisième tentative, marquer quand on entre dans les 20 derniers yards et ne pas perdre la balle.

Si ces consignes semblent être d’une évidence notoire et ne relèvent pas du génie absolu en la matière de coaching, l’opposition entre Chiefs et Ravens nous oblige tout de même à nous pencher particulièrement sur le dernier des trois points.

En effet, depuis que Lamar Jackson et Patrick Mahomes sont arrivés en NFL, ils se sont déjà affrontés à 5 reprises, pour un bilan de 4 victoires et 1 défaite à l’avantage du quarterback texan.

Et, fait surprenant, sur ces 5 oppositions, Lamar Jackson et les siens n’ont jamais remporté la bataille des pertes de balles.

Pire encore, lors de leur affrontement le plus important il y a 8 mois, les Ravens avaient sombré en la matière en perdant trois ballons, dont deux en deuxième mi-temps et un à quelques centimètres de la end-zone qui aurait totalement relancé le match quand dans le même temps, les Chiefs montraient pourquoi ils étaient une équipe taillée pour le titre en n’en perdant aucun malgré une prestation offensive passable.

Lamar Jackson l’assurait lui-même en sortant de ce match, « J’ai le sentiment que si nous n’avions pas eu de pertes de balles, nous aurions définitivement eu une chance, nous aurions définitivement gagné. ». Personne ne sait vraiment si cela est vrai ou pas, mais la donne aurait sûrement été différente.

De plus, le comble de tout cela est que l’an dernier, Baltimore était l’équipe qui provoquait le plus de pertes de balles dans toute la ligue (31) alors que Kansas City affichait le 6ème pire bilan dans le domaine de toute la ligue (17). Et dans le sens inverse, les Ravens étaient la 12ème équipe perdre le moins de ballons (3 d’écart seulement avec le deuxième meilleur bilan) quand les Chiefs faisaient partis des 10 équipes à en perdre le plus (28).

Ces chiffres laissent donc penser qu’il y a eu une forte bataille mentale également que les Chiefs ont survolé en Janvier dernier. Au vu de l’historique récent entre les deux équipes dans la bataille des pertes de balles, une chose semble claire :

Baltimore ne pourra se permettre de perdre plus de ballons que son adversaire et devra en outre essayer de faire flancher Mahomes qui avait tout de même lancer 14 interceptions l’an passé.

 

Évidemment, il va de soi qu’il y a de bonnes chances que la rencontre puisse se jouer sur d’autres secteurs (la bataille des tight ends sera électrique, deux kickers d’exceptions s’affrontent, les nouvelles règles de coup d’envoi pourraient influer), mais ces enjeux pourraient au moins décider d’une partie de la rencontre.

Pour cela, une seule façon de le savoir : se brancher ce soir devant un Chiefs-Ravens bouillant et explosif où l’on est impatient de voir le roi Derrick Henry sous la tunique violette (qui sera blanche ce soir) et les premiers pas de Xavier Worthy avec Mahomes pour un duo qui sentira bon le Texas. Rendez-vous 2h20 heure française.

 

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