Les Warriors champions NBA du budget
Les Warriors viennent d’être champion NBA 2022 avec le quatrième titre en huit ans. Une dynastie bâtie sur des compétences remarquables, du front office aux joueurs, dont l’inénarrable Stephen Curry. Mais ils détiennent un autre record. Les Warriors dépensent plus que toutes les autres franchises d’une NBA permissive en la matière. Ce qui fait jaser.
Le sacre de Golden State est celui d’un génie : Stephen Curry. Celui de la vision à long terme d’une organisation, au milieu de « super-teams » dont la création express est rarement couronnée de succès. Celui de la persévérance d’un Klay Thompson au corps meurtri par les blessures. Celui de la fidélité d’un noyau dur dont Steve Kerr et Draymond Green font partie intégrante. Mais c’est aussi celui de l’effectif le plus cher de la NBA.
En effet les Warriors sont l’équipe qui détient le plus gros budget de la ligue avec 175 millions de dollars de masses salariales de la saison 2021-2022, et ce pour la deuxième fois de suite. Pour autant avoir le plus gros budget ne veut pas garantir le succès à la fin de la saison. Demandez aux Los Angeles Clippers (164M$), qui n’ont pas participé aux playoffs en l’absence de Kawhi Leonard, les Brooklyn Nets (158M$), balayés dès le 1er tour, les Milwaukee Bucks (154M$), tenants du titre éliminés au 2e tour, et les Los Angeles Lakers (148M$), en vacances depuis longtemps, se qu’ils en pensent.
Pour autant la NBA a instauré des règles. En tant que ligue fermée, elle doit ainsi garantir l’intérêt de sa compétition par des mécanismes d’autorégulation. La draft en est un, que les Warriors ont remarquablement exploité. Le plafond salarial en est un autre, dont ils exploitent remarquablement les largesses. En effet ils ont profité des multiples exceptions qui permettent de briser le fragile plafond salarial en vigueur en NBA (un « soft cap », et non un « hard cap », comme il en existe).
Avec un « salary cap » fixé à 112,4M$ et un seuil de « luxury tax », qui implique des pénalités financières, fixé à 136,6M$, le coût des salaires que doit assumer le duo Joe Lacob – Peter Guber, taxes comprises, est estimé à 346M$. Un sacré investissement donc pour les copropriétaires de la franchise de la baie de San Francisco, aux commandes depuis 2010, soit un an après l’arrivée de Curry en NBA.
« Payer cette taxe ? Ce n’est pas quelque chose de souhaitable, estimait Joe Lacob. Mais l’on ne peut pas s’en soucier, ce n’est pas le problème. Le problème, c’est d’être la meilleure équipe possible et nous ferons tout ce qu’il faut pour cela ».
Son discours a été suivi de faits. Golden State joue avec les règles qui lui sont imposées, profite de disposer d’un gros marché. Depuis leur déménagement d’Oakland à San Francisco, en 2019, ils sont propriétaires de leur salle : le Chase Center. Ce n’est pas le cas de toutes les franchises. Dire adieu à l’Oracle Arena, lieu chargé d’histoire, notamment théâtre de l’épopée « We Believe » de 2007, puis des titres de 2015, 2017 et 2018, était un sacré pari. Il s’est d’abord accompagné de déveine, les blessures de joueurs majeurs s’accumulant dans les rangs des Warriors, mais il a fini par s’avérer… payant.
« Les rivaux de Golden State se plaignent déjà d’un avantage concurrentiel, en matière de dépense. » Bob Myers, le GM des champions, insiste sur le processus derrière la pluie de billets : « Nous avons drafté beaucoup de ces gars, nous les avons développés, ce n’est pas comme si nous les avions signés en tant qu’agents libres. »
Seul MVP unanime de l’histoire de la NBA (en 2016), enfin MVP des Finales, Stephen Curry est le mieux payé de la ligue, en 2021-2022 (45,8M$). Klay Thompson émarge à 38M$, Andrew Wiggins à 31,6M$ et Draymond Green à 24M$. Le trio Curry-Thompson-Green est l’émanation d’une politique de détection et de formation exemplaire. Wiggins est le fruit d’une astucieuse gestion du départ de Kevin Durant, en 2019. Un ajout d’une grande pertinence sportive, comme il l’a prouvé face aux Celtics.
« Quand nous avons fait un trade pour Andrew [Wiggins] (en février 2020, NDLR), personne ne voulait de lui, personne ne disait rien à ce moment-là. » a déclaré Myers
Cependant, il n’y a pas que de l’argent qui sort des caisses des Warriors. Il y en a aussi qui entre, abondamment. Les Warriors restent une entreprise florissante, à en croire le bilan effectué par Forbes en 2021. Sur l’année 2020, elle est la deuxième franchise NBA la mieux « valorisée », avec un prix estimé à 4,7 milliards de dollars, derrière les 5 milliards des New York Knicks. Rayon résultat d’exploitation, personne n’a fait mieux que les Warriors il y a deux ans dans la Grande Ligue : 200 millions de dollars.
Pointer du doigt les comptes des Warriors ne revient pas à faire leur procès. Pour être propriétaire d’une franchise NBA, il faut avoir de l’argent. Pour gagner, il vaut mieux être prêt à en dépenser, en fonction du retour sur investissement espéré. Et quand la victoire est au bout, les finances vont très bien.
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