Victor Wembanyama doit-il être plus égoïste ?
La passe de Victor Wembanyama à Jeremy Sochan, dans les derniers instants du match contre les Cavaliers, a suscité de nombreuses critiques.
La star des Spurs devrait-elle jouer de manière plus individuelle ?
La question du dernier tir a toujours hanté les observateurs. Pour certains, elle dessine la hiérarchie d’une équipe NBA. Pour d’autres, elle révèle le caractère d’un joueur — est-il clutch ou craintif, égoïste ou altruiste ? Alors, quand Victor Wembanyama a choisi de confier le ballon à Jeremy Sochan à treize secondes du buzzer final face aux Cavaliers, dimanche, il a ouvert la boîte de Pandore.
Passer ou tirer : Victor Wembanyama ravive le débat
Victor Wembanyama, le ballon de l’égalisation en main, avec deux points de retard pour les Spurs (115-117), a préféré la passe au tir. Son destinataire, Sochan, a récupéré la balle sous le panier, puis il a posé un dribble avant de la lancer vers Keldon Johnson à trois points… mais le projectile est tombé à côté de sa cible. En ont résulté une défaite amère et, surtout, un déluge de critiques.
La majorité d’entre elles sont dirigées vers l’ailier polonais, que beaucoup auraient aimé voir attaquer le cercle. Quelques unes contre le tireur, que d’autres attendaient dans le corner. Certaines se tournent vers l’intérieur français : « Il aurait dû tirer », « Il doit y aller là », « Un franchise player doit prendre ces shots »…
« Les gens sont difficiles à satisfaire, alors il ne faut pas s’en inquiéter. Vous vous souvenez d’un certain LeBron James ? Quand il est arrivé en NBA, à chaque fois qu’il tirait, ils ont dit qu’il aurait dû faire la passe. Quand il a fait la passe, ils ont dit : “Oh, il n’avait pas le courage, il ne voulait pas gagner”. Des commentaires stupides et ignorants », a indirectement répondu Gregg Popovich, ce mercredi.
James, critiqué tout au long de sa carrière pour sa tendance à passer dans ces situations, a toujours cherché le meilleur tir, peu importe qu’il revienne ou non à une star. Une position qui manque sans doute du charisme d’un Kobe Bryant, connu pour systématiquement prendre le dernier tir. Les spectateurs, généralement, préfèrent les points aux passes décisives, l’audace à la générosité. Ils attendent des héros.
Pourtant, cette voie a souvent réussi au « King ». En 2016, il est resté dans le corner pour regarder Kyrie Irving rentrer son tir en isolation face à Stephen Curry à la fin du Game 7 des Finales NBA. Il ne l’a sans doute jamais regretté, et personne ne s’est jamais demandé s’il aurait dû le prendre lui-même.
Victor Wembanyama est confronté à un cas très différent. Dans un univers où le résultat prime, l’échec de l’action a lancé des débats ardents. Pourtant, dans son apprentissage, c’est l’intention qui devrait prévaloir. Et selon son entraîneur, celle-ci était bonne.
« C’est la même chose avec Victor. Quand il a attrapé la balle, il aurait pu monter. Mais il avait un joueur grand ouvert près du panier, alors il a fait la passe. Ce n’est même pas un sujet, il a probablement fait le meilleur choix possible », a poursuivi Popovich.
Victor Wembanyama va-t-il devenir plus individuel ?
« Si j’ai fait une erreur, je ne la referai pas », avait assuré le leader des Spurs après la rencontre. Sa prestation suivante, mercredi, marquée par un nouveau record personnel de passes décisives (10), suggère qu’il ne nourrit pas de regret. Trois de ces passes ont trouvé leur cible en Jeremy Sochan, plus que tout autre joueur.
Victor Wembanyama ne semble pas vouloir devenir plus « égoïste », il tend peut-être même vers le contraire. Gregg Popovich a, de toute façon, d’ores et déjà ancré Wembanyama au cœur du jeu des Spurs. Main-à-main, pick and roll, création au poste : l’intérieur est utilisé de plus en plus fréquemment comme la plaque tournante de l’équipe.
Surtout, le premier choix de la draft assume déjà les responsabilités d’une superstar.
Avec un Usage Rate de 30,4 % — statistique qui estime le pourcentage d’actions qui reviennent à un joueur —, Wembanyama compte parmi les joueurs les plus sollicités de la NBA. Il surclasse des figures emblématiques telles que Kevin Durant, Jayson Tatum, LeBron James et Nikola Jokic. Parmi ceux ayant joué plus de 800 minutes cette saison, il se hisse à la 11e place.
Victor Wembanyama, au-delà du simple volume de jeu, s’affirme comme le go-to guy sur le plan stylistique. Avec 4,5 isolations toutes les 75 possessions selon BBall Index, il surpasse de loin la moyenne des titulaires de la NBA, fixée à 2,3. Il se niche ainsi dans le top 15 % des joueurs usant le plus de ce type d’action, rivalisant avec le volume d’un Paul George, alors même qu’il fait partie des joueurs les moins efficaces en isolation.
Gregg Popovich lui accorde une latitude royale, comme il le ferait avec toute superstar. Chaque rencontre voit l’intérieur lancer des tirs improbables. Cela n’exclut pas la possibilité de passer à un coéquipier démarqué pour prendre le dernier. Wembanyama possède déjà une facette « égoïste », mais il maintient sa confiance envers le collectif. Un équilibre sain.
Credit Photo : Rick Osentoski-USA TODAY Sports
Commentaires