Victor Wembanyama : comment les équipes NBA le défendent-elles ?
NBA – Joueur unique, Victor Wembanyama pose un défi tout aussi unique aux défenses adverses.
La NBA n’a jamais connu de géant de 2,24 m doté d’une telle technique. Trop grand et trop rapide, le Français est un mismatch permanent sur le papier. En pratique, son efficacité laisse encore à désirer.
Le faible rendement de « Wemby » (1,05 point par tir tenté d’après Cleaning The Glass) est avant tout un signe de son inexpérience et par l’encadrement qui lui fait défaut. Le rookie de 19 ans ne compte que 11 matches dans la ligue, tandis que Gregg Popovich se contente de l’observer. Cependant, il s’explique aussi par l’adaptation éclair des défenses, qui ont déjà trouvé des moyens de le limiter.
Un profil de défenseur déjà défini
Avant son arrivée en NBA, on le pressentait. Aujourd’hui, c’est confirmé : un intérieur lourd face à Victor Wembanyama n’est pas une stratégie judicieuse. Contre les Wolves, il a dépassé Karl-Anthony Towns à plusieurs reprises, le chat n’étant pas assez agile pour suivre l’alien. Son manque d’intensité s’est aussi fait sentir, marquant une différence majeure avec Rudy Gobert, qui a proposé une défense plus coriace contre son compatriote. Il faut avant tout un vis-à-vis rapide et hyperactif pour ralentir l’intérieur de San Antonio.
Depuis le début de la saison, les entraîneurs adverses ont choisi un contre-pied : opposer à Wembanyama des joueurs capables de couvrir le périmètre, essentiellement des ailiers. L’exemple d’OG Anunoby est frappant. Il a suivi Victor Wembanyama (20 points) comme une ombre lors de la victoire des Raptors sur les Spurs (116-123). Robert Covington, RJ Barrett, les ailiers du Thunder, parmi d’autres, ont aussi été assignés à cette mission.
Ces plus petits défenseurs lui barrent la route vers le panier, le limitent dans ses dribbles et lui imposent un défi physique majeur. Jusqu’ici, ils connaissent un certain succès, entravant les déplacements du joueur et naviguant à travers les écrans pour ne pas lui laisser de tirs ouverts. Toutefois, les équipes pouvant compter sur des intérieurs plus modernes — comme Bam Adebayo au Heat — ou déployer des défenses en zone n’hésitent pas à y recourir. L’essentiel étant de limiter le premier choix de la draft dans ses mouvements.
Une contestation sur le plan horizontal
Contester Victor Wembanyama sous le panier n’est pas à la portée du commun des défenseurs. Son envergure, dépassant les 2,40 m, en fait le joueur le plus long de la ligue. S’il est difficile de le bloquer verticalement, il faut le gêner horizontalement, avant tout en lui interdisant l’accès au cercle.
Grâce aux choix défensifs précédemment évoqués, les équipes y parviennent pour le moment. « Wemby » ne prend que 30 % de son volume de tir total au panier — à peine plus que les 29 % de Luka Doncic (2,01 m), à titre de comparaison. Souvent, il se replie sur des tirs à mi-distance, qui constituent 40 % de ses tentatives. Les défenseurs focalisant leur attention sur lui, il obtient peu de tirs faciles. Il enchaîne donc les fadeaways, les tirs déséquilibrés avec un taux de réussite de 38 % à mi-distance et de 28 % à trois points. Des chiffres nettement en dessous de la moyenne, contrastant avec ses 70 % sous le panier.
Les équipes, de toute évidence, s’appliquent également à empêcher les lobs. Elles préfèrent généralement s’intercaler entre Victor Wembanyama et ses coéquipiers plutôt qu’entre lui et le panier, coupent les lignes de passe au maximum. Cette stratégie nécessite des ailiers à grande envergure et des prises à deux fréquentes. Les Suns ont fait les frais d’un défaut de vigilance sur les passes lobées des Spurs, subissant 38 points du Français, dominant dans la raquette.
Les Spurs, une fois leur spacing optimisé et leur création de jeu fluidifiée, rendront ces méthodes plus difficiles à appliquer. La présence Devin Vassell, déjà maître dans l’art de sanctionner les prises à deux, est un atout de taille, mais il manque un organisateur capable de placer Victor Wembanyama et de défaire les défenses adverses. Surtout, le rookie de 19 ans découvre encore la NBA. À mesure qu’il progresse, les solutions pour le contenir se feront plus rares. Si mobile et complet du haut de ses 2,24 m, il est destiné à devenir un attaquant insaisissable, une énigme perpétuelle pour ses adversaires, que l’on peut tout au plus ralentir, mais jamais stopper.
Credit: Alonzo Adams-USA TODAY Sports
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