Analyse : Comment défendre sur Luka Doncic ?

par 9 minutes de lecture
Luka Doncic
par 9 minutes de lecture
Enlever la pub

Cette question fait cogiter tous les coachs de la NBA. Luka Doncic constitue une menace systématique et peut être décisif de plusieurs façons possibles. Alors quels sont les secrets pour arrêter un tel joueur ? Voici quelques éléments de réponse, avec Stan Van Gundy.

« On regarde des vidéos jusqu’à très tard dans la nuit quand on doit analyser un joueur comme lui avec mon staff », déclare Monty Williams le coach des Phoenix Suns. Chauncey Billups, le coach des Portland Trail Blazers est résigné. « Vous ne pouvez juste pas défendre sur un tel joueur ». « C’est un cauchemar, nous sommes sans réponse », martèle Darvin Ham, le coach des Los Angeles Lakers.

Si pour ces coachs il est impossible de défendre sur Luka Doncic, nous allons tenter de vous montrer qu’il est possible de le gêner ou de le ralentir sur chacune de ces offensives. Le tout, avec une analyse très descriptive de Stan Van Gundy, consultant pour la chaîne américaine TNT, dans les colonnes de The Athletic.

Tous les chiffres rapportés dans cet article proviennent du média Synergy Sports

Ne pas le laisser dicter son jeu

Le jeu préféré de Luka Doncic, ce sont les pick and rolls. Il en raffole. « Il y a toujours des personnes qui pensent que défendre de la même façon face à un tel joueur est suffisant », dit Stan Van Gundy, l’ancien coach des New Orleans Pelicans (2020-21).

Ce qu’il faut comprendre c’est que le un contre un et les changements sur les écrans, c’est du pain béni pour le Slovène.

Sur les pick and rolls provoqué par Luka Doncic, Dallas inscrit 1,18 point par possession et ce chiffre inclut également les pertes de balles de sa part ou de celles de ses partenaires. Il est le deuxième joueur à autant utilisé ce système sur 25 (Stephen Curry est le 1er).

Mais la difficulté sur ce type de système, c’est que Luka Doncic peut réussir à marquer ou faire une offrande à l’un de ses coéquipiers comme Christian Wood, s’il pénètre dans la raquette. Là aussi, Dallas est très efficace car la franchise a inscrit 125 points sur les 80 tentatives qui ont abouti à une passe de Doncic pour un partenaire se « jetant » dans la peinture. Cela représente 1,56 point par possession. C’est tout simplement dingue.

Mais savoir à quel moment il s’apprête à shooter ou à faire la passe est presque mission impossible, car il attend systématiquement le dernier moment pour faire son choix.

Ce qui est rassurant c’est que le nombre de pick and rolls au fur et à mesure que les saisons passent, est moins utilisé par Doncic. Donc il faut défendre sur le joueur qui a posé l’écran et l’empêcher de pénétrer dans la raquette (voir tableau ci-dessous).

Luka Doncic
Stats pick and rolls par saison

Le un contre un, une solution erronée

« On ne peut pas demander au défenseur d’être seul sur Doncic, ça lui donne encore plus de pression car Doncic va tout faire pour vous pousser à la faute« , regrette Darvin Ham.

Lorsqu’il demande le pick and roll pour jouer le un contre un, Doncic devient inarrêtable. Le fait d’avoir en face de lui un pivot, un joueur moins physique ou plus petit que le meneur des Dallas Mavericks est une aubaine pour lui. Il pense qu’il peut marquer sur n’importe quel joueur qui défend sur lui, ce qui est probablement vrai », confie Jason Kidd le coach des Mavs. « Mais on lui donne une liste de joueur qu’il doit attaquer ». Tout cela, dans le but de lui faciliter la tâche et de s’amuser avec son adversaire. Il peut enchaîner sur ce type de schéma 8 à 9 fois d’affilée.

Au niveau des chiffres, Luka Doncic marque sur 57% des posts-up provoqués. S’il choisit la passe, l’efficacité au shoot des Mavericks baisse à 1,13 points par match. Mais Dallas reste dans le Top 15 de la meilleure attaque de la NBA.

C’est aux autres équipes de trouver le bon moment pour défendre à deux sur Doncic, afin qu’il puisse donner le ballon à l’un de ses coéquipiers et tenter de faire déjouer ses derniers. Plus facile à dire qu’à faire, bien évidemment.

L’empêcher de rentrer sur sa droite à tout prix

« Il est un meilleur passeur quand il part sur sa droite parce qu’il a cette capacité à faire une passe en hook à l’opposé, c’est un peu plus facile pour lui », constate Stan Van Gundy. Et il a raison. Il arrive à mettre 1,12 point chaque fois qu’il est au post-up à droite alors qu’à gauche il tombe à 0,91 point par possession. Cependant, au drive, c’est quasiment similaire au niveau de l’efficacité (1,18 point contre 1,14 à gauche).

Mais « certains adversaires le force à aller à droite pour éviter un tir à 3 points », souligne Van Gundy. Et la shoot map est là pour nous le confirmer.

Shoot map de Luka Doncic

Choisir ses coéquipiers comme poison ?

Une autre tactique dont les Suns et les Warriors ont utilisés lors de leur confrontation, respectivement en demi-finale et finale de Conférence pour contrer Luka Doncic. Prenons le match contre les Suns lors du match 2 au Footprint Center de Phoenix (victoire de Phoenix 109-129 pour mener 2-0 dans la série). On voit Mikal Bridges coller immédiatement Doncic qui tente d’avancer mais une prise à deux est faite très haut dans la moitié des Suns. Bismack Biyombo, le big man de Phoenix, vient aider Bridges. Le Slovène n’a d’autre choix que de se transmettre le ballon à l’un de ses partenaire.

Le choix pour Phoenix a été d’accepter l’infériorité numérique dans la raquette (4 Mavericks contre 3 Suns). Mais pourquoi avoir fait ce choix pour les hommes de Monty Williams ?

L’idée c’est d’isoler Luka Doncic de ses coéquipiers, ce qui incite ces derniers à créer le jeu pour trouver un tir ouvert. Or, les hommes de Jason Kidd ne sont pas du tout des créateurs de jeu mais sont entraînés au catch and shoot. En un instant, on leur demande de s’adapter et de s’émanciper de leur maître à jouer.

Cela marche mais sur la durée d’un match, ça risque d’être assez peu efficace car des pénétrations peuvent être faite. « Il n’y a pas grand chose qui marchera de façon régulière. Ça ne l’a jamais été contre de grands joueurs », reconnaît Stan Van Gundy.

Jouer de façon contre nature

Vous pouvez toujours essayer la tactique de la « boîte » avec 4 joueurs en zone et le 5è qui est en pointe haute sur le meneur, en l’occurrence Luka Doncic. Les Toronto Raptors l’ont fait lors de leur match le 26 novembre dernier à domicile. Ce qui est surprenant c’est qu’ils ont usé de cette tactique tout le match, ce qui signifie que Dallas a toute la durée du match pour trouver la solution.

Le schéma défensif choisi par Nick Nurse a fonctionné à moitié. Ce second affrontement a tourné à l’avantage des Raptors (100-105). Lors des deux oppositions, Luka « Magic » n’a tenté « que » 15 tirs pour divers résultats. Lors de la défaite concédé par les Mavericks, leur meneur a inscrit 24 points (« seulement »). En revanche, leur premier match s’était terminé sur une victoire d’un point de la franchise texane (110-111), mais Doncic finit avec 35 points.

En réalité, si la « boîte » sert à minimiser les actions de Doncic, ses partenaires doivent changer leur façon de jouer. Jason Kidd est conscient du talent brut qu’il a entre ses mains, lui qui était aussi un maestro. « Luka a déjà vu toutes ses défenses (schéma) ».

Dès lors, le staff technique des Mavs informe leurs joueurs sur comment contrer cette « boîte ». « Ce n’est pas tant (pour) Luka, mais pour les quatre qui sont sur le parquet pour qu’ils se rendent compte de ce qu’il se passe », avoue Jason Kidd.

La boîte des Raptors qui tente de contenir Doncic

Les Raptors reproduise la « boîte » contre Luka Doncic lors du match Dallas @ Toronto le 26 novembre dernier. (Photo: Bally Sports Southwest. Illustration: Mike Prada / The Athletic) 

Tant de tactiques pour peu de certitude

Tous ces schémas ont été utilisés par toutes les équipes. La réalité est que les 29 autres franchises vont les utiliser quand cela leur sera nécessaire. Sur toute la durée d’un match, c’est presque impossible car un coéquipier du Slovène peut avoir la main chaude à tout moment.

Selon le média Cleaning The Glass, les Dallas Mavericks inscrivent 121,6 points sur 100 possessions avec Doncic sur le parquet.

De plus, malgré toutes ces défenses, Luka Doncic peut être capable de scorer dans toutes les situations possibles (ou presque). Alors il peut bien évidemment se fatiguer, mais le staff de Dallas fait en sorte de le protéger au maximum. Il a été mis au repos 3 matchs sur les 38 joués par son équipe cette saison.

« Tout ce que l’on tente de faire face aux grands joueurs, c’est d’un petit peu baisser leur pourcentage. Vous prenez le 4è quart temps vous essayez de transformer un shoot à 3 ponts de 37% à 34%. Peut-être que Luka va pénétrer et se donner 70% de chance que vous allez transformer en 66% au final », dit Stan Van Gundy.

Malgré ses 23 ans, Luka Doncic est, incontestablement, l’un des meilleurs attaquants de l’histoire de la Ligue. « (…) Je pense que c’est le meilleur que j’ai vu. Il est incroyable« , avoue le consultant de TNT.

Enlever la pub

Commentaires

S’abonner
Notification pour
guest

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires