Shohei Ohtani : le tour de force financier des Dodgers
Cela n’aura échappé à aucun fan de baseball, après de longs mois de suspense, Shohei Ohtani a finalement pris sa décision et s’est engagé chez les Los Angeles Dodgers.
Le pitcher japonais a alors signé un contrat de 10 ans rémunéré, à terme, $700 millions. Un montant bien évidemment colossale, même dans le monde du sport, à titre de comparaison la masse salariale des Oakland Athletics durant ces dix dernières années a coûté moins cher, même s’il faut bien admettre que leurs objectifs ne sont pas exactement comparables.
Néanmoins, aussi performants et prometteurs les Dodgers soient-ils, il va de soi qu’une telle somme devrait, du moins en théorie, plomber leur masse la salariale, mais c’est justement là que la franchise californienne a réalisé un véritable de tour de force financier. Shohei Ohtani sera en réalité rémunéré à hauteur de $2 millions chaque saison, tandis que le reste du montant lui sera versé entre 2034 et 2043 à hauteur de $68 millions par an, autrement dit, après expiration du contrat.
Shohei Ohtani : gagnant ou perdant ?
A première vue, on serait tenté de croire que Shohei Ohtani est le grand perdant de l’histoire, dans la mesure où la valeur de la somme promise, aussi élevée soit-elle, est vouée à baisser d’ici dix ans en raison de l’inflation. Comparez ce que représente le salaire minimum d’il y a une décennie par rapport à aujourd’hui en termes de pouvoir d’achat, et vous aurez compris où se situe le problème.
Néanmoins, celui-ci pourrait être tenté de retourner au Japon après sa carrière où l’inflation est un peu plus raisonnable, et il éviterait de payer ses taxes en Californie dans la mesure où en 2034, il ne travaillera plus dans l’Etat en question. De plus, Shohei Ohtani étant comme tout pitcher qui se respecte sujet aux blessures au niveau du coude, on ignore s’il sera en mesure d’occuper ce poste jusqu’à la fin de son contrat, ce qui au final serait davantage un problème pour la franchise, celui-ci étant assuré de toucher la somme prévue, même s’il doit passer à la batte.
Le casse de la décennie
A court terme, l’avantage est évident pour les Dodgers : disposer d’un double MVP au sein de leur roster pour la modique somme de $2 millions par saison, ce qui permet de rester compétitifs et d’attirer potentiellement d’autres grands noms, dans la mesure où le principal concerné ne plombe pas la masse salariale, mais ce n’est pas tout.
Différer le paiement a également pour effet de réduire le montant de la Competitive Balance Tax (CBT), autrement dit, la fameuse taxe de luxe dont le montant est calculé en fonction de la valeur des contrats, bonus compris, des 40 joueurs du roster. Son montant pour la saison 2024 est de $237 millions, hélas pour les Dodgers, leur masse salariale théorique devrait être de l’ordre $292,121,666 ce qui assez problématique. Or, la taxe de luxe correspondant au contrat de Shohei Ohtani ne sera pas basée sur le montant réel, soit $70 millions, mais sur un montant prenant en compte une baisse de valeur estimée du dollar d’ici dix ans, soit $46,081,476. Cet ajustement salarial combiné à d’autres, la masse salariale des Dodgers cette saison serait donc de $216,391,652, à l’heure où j’écris ces lignes.
L’autre grande interrogation pourrait concerner la valeur de la franchise si jamais celle-ci venait à être vendue, car le montant du contrat serait vraisemblablement déduit du prix de vente ; imaginez acquérir une maison tout en devant régler les factures du propriétaire précédent, cela n’aurait aucun sens. Fort heureusement, la valeur des Los Angeles Dodgers est vouée à progresser de façon exponentielle, ceux-ci valaient $2 milliards en 2012 lors de leur acquisition, tandis que la dernière estimation réalisée par Forbes en mars 2023 les valorisait à hauteur de $4,8 milliards, en d’autres termes, le contrat de Shohei Ohtani ne devrait donc pas être un souci majeur, même dans ce cas de figure.
Les fans de la franchise californienne sont donc libres de se réjouir de l’opération, et son propriétaire, Mark Walter, peut tout simplement se féliciter d’être parvenu à réaliser le casse de la décennie.
Credit photo : Mark J. Rebilas-USA TODAY Sports
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