Où était Yoenis Céspedes ?
Alors que les Mets s’apprêtent à affronter les Braves hier en début de soirée, un élément manque à l’appel : Yoenis Céspedes n’a pas rejoint ses coéquipiers au Truist Park d’Atlanta, et n’a prévenu personne de son absence. Son entraîneur, Luis Rojas, lui envoie alors un message, puis lui passe un coup de fil, qui resteront sans réponse.
Céspedes est donc introuvable, et la nouvelle se propage rapidement après un tweet du journaliste Tim Healey (Newsday) :
« Les Mets ne savent pas où se trouve Yoenis Cespedes », peut-on notamment lire dans le tweet de Healey. D’après un communiqué de l’équipe, « Yoenis Céspedes ne s’est pas présenté au stade aujourd’hui. Il n’a pas justifié son absence auprès de la direction de l’équipe. Nos tentatives pour le joindre ont été infructueuses. »
Les Mets envoient alors des agents de sécurité dans la chambre d’hôtel de Céspedes ; le joueur n’est pas là, et ses affaires ont également disparu.
L’inquiétude est alors réelle, mais Healey assure que les Mets « n’ont pas de raison de croire que la santé de Yoenis Céspedes est en danger. »
Les Mets finiront par s’incliner face aux Braves (0-4), leur cinquième défaite consécutive. New York se retrouve à trois victoires pour sept défaites, une situation déjà catastrophique seulement dix jours après l’ouverture de la saison 2020.
En conférence de presse d’après-match, la nouvelle déroute des Mets n’est cependant pas au centre de l’attention. Brodie Van Wagenen, le directeur général de la franchise new-yorkaise, doit avant tout faire la lumière sur la situation de Céspedes, plus de quatre heures après sa soudaine disparition.
« Il va bien et il est en sécurité. Il a décidé de faire l’impasse sur la saison 2020 pour des raisons liées au coronavirus. Quand on est arrivés au stade ce matin [hier matin], il n’était pas là. (…) Cette décision est étonnante, mais on doit aller de l’avant. »
Brodie Van Wagenen, Directeur Général des Mets, au sujet de Yoenis Céspedes
L’agent de Céspedes a fini par contacter Van Wagenen pour l’informer de la décision du n°52 des Mets de se retirer de la saison en cours.
Luis Rojas a confié avoir appris ce qu’il se passait réellement après Céspedes seulement après la fin du match contre Atlanta. Il s’est lui aussi dit « très surpris » par le choix de son joueur.
Titulaire samedi soir face aux Braves (1-7), Céspedes a donc décidé de prendre ses affaires et de quitter ses coéquipiers juste avant le match de dimanche, sans même prendre le temps d’alerter ses dirigeants. La raison invoquée – le coronavirus -, bien que compréhensible, a tout de même de quoi surprendre.
Le frappeur cubain est dans la dernière année d’un contrat de quatre ans lui rapportant 110 millions de dollars, signé en novembre 2016. Le salaire de Céspedes pour l’année 2020 avait été revu à la baisse avant que la saison ne commence : initialement réduite à 6 millions de dollars, sa fiche de paie a même été baissée à 2.2 millions, après un calcul au pro rata – les propriétaires des 30 équipes de MLB sont tombés d’accord avec le syndicat des joueurs pour déduire de leur salaire les 102 matches qui ne seront pas joués cette saison à cause du coronavirus.
Au total, 23.5 millions de dollars garantis à Céspedes pour 2020 avaient été transformés en bonus, principalement liés aux performances individuelles du joueur de 34 ans (matches joués, home runs frappés, etc.).
D’après certaines rumeurs, Céspedes se serait notamment plaint de son manque de temps de jeu avec les Mets ; joueur de champ extérieur pour la majeure partie de sa carrière, le Cubain avait été consigné au rôle de frappeur désigné dès le début de la saison, lui permettant de ne pas défendre et de se concentrer uniquement sur l’attaque.
Pour Céspedes, il s’agirait potentiellement d’une ruse de la part des dirigeants pour l’empêcher de toucher les primes inclues dans sa renégociation contractuelle.
Si sa saison est bel et bien terminée, ses piètres performances cette saison (16.1 % de moyenne à la batte, deux home runs et quatre points produits en 31 passages au bâton) pourraient en fait être une bénédiction pour l’équipe du Queens.
Son retour dans l’alignement offensif était pourtant très attendu ; Céspedes était censé être le chaînon manquant d’une attaque qui se repose essentiellement sur les jeunes stars montantes Pete Alonso et Jeff McNeil. Son départ pourrait offrir du temps de jeu supplémentaire à Dominic Smith, un autre espoir new-yorkais.
Arrivé à New York en 2015 en provenance de Detroit, Céspedes avait joué un rôle prépondérant dans la participation des Mets aux World Series face aux Royals (1-4), la même année. Malheureusement pour les fans new-yorkais, ses exploits sur le terrain ont vite laissé place à des blessures et à des événements tous aussi sidérants les uns que les autres :
- En 2016, Céspedes, alors blessé au quadriceps et incapable de jouer au baseball, est publiquement rappelé à l’ordre par le directeur général de l’époque, Sandy Alderson, parce qu’il joue au golf durant sa convalescence
- En 2017, la saison de Céspedes prend fin au bout de 81 matches en raison d’une blessure à l’adducteur
- En 2018, Céspedes ne dispute que 38 matches avant d’être opéré des deux talons
- En 2019, Céspedes déclare forfait pour l’ensemble de la saison après avoir été renversé par un sanglier dans son ranch. Dans cette « violente chute », comme l’avait décrite Van Wagenen au moment des faits, le joueur des Mets s’était fracturé la cheville
En décidant de faire l’impasse sur la saison 2020, Yoenis Céspedes dit probablement adieu aux Mets. Son contrat ne sera probablement pas renouvelé par Van Wagenen et on peut se demander si le frappeur cubain n’a pas joué son dernier match en MLB samedi soir.
En huit saisons dans les ligues majeures – partagées entre les Athletics, les Tigers et les Mets -, Céspedes présente une moyenne de 27.3 % de moyenne au bâton, avec 165 home runs et 528 points produits. All-Star en 2016, il totalise 76 home runs et 205 points produits en cinq années à New York, assortis d’une moyenne de 27.9 % à la batte.
Les regards vont désormais se porter vers Brodie Van Wagenen : nommé directeur général des Mets en octobre 2018, « BVW » est jusqu’à présent loin d’avoir rempli la mission qui lui a été confiée.
Quelques semaines après son arrivée à New York, Van Wagenen avait conclu un échangé pour récupérer le lanceur finisseur de Seattle Edwin Díaz ainsi que le joueur de deuxième base Robinson Canó : Díaz sortait alors d’une saison à 57 sauvetages pour les Mariners, avec une moyenne de points concédés équivalente à 1.96 ; avec les Mets l’année dernière, sa moyenne est montée à 5.59. Díaz a également gâché sept opportunités de sauvetage, qui ont coûté cher à son équipe dans la course aux playoffs.
La résurrection attendue cette saison n’a pas eu lieu ; à chaque fois que Díaz est sur le monticule, il ne manque pas de rappeler quel échec cette transaction a été pour la franchise du Queens.
Le contrat de deux ans et de 20 millions de dollars offert par Van Wagenen à Jed Lowrie aura vu le joueur de deuxième base se présenter seulement sept fois au bâton sur l’ensemble de la saison 2019. Ses blessures lancinantes au genou ont ressuscité cette année, et font de Lowrie un fantôme dans l’effectif des Mets.
De la même manière, la grande recrue de Van Wagenen au cours de la dernière intersaison, Dellin Betances, affiche une moyenne de 15.43 points concédés après quatre matches en 2020. Le lanceur de relève droitier s’est engagé avec les Mets pour un an et 10.5 millions de dollars en décembre dernier, après huit ans chez les Yankees.
Ironiquement, Van Wagenen est aussi celui qui a négocié le contrat de Céspedes en 2016, à l’époque où il n’était qu’un agent.
New York n’a pas participé aux playoffs depuis 2016 et après avoir viré l’entraîneur Mickey Callaway à l’issue de la saison dernière, l’étau se resserre autour de Brodie Van Wagenen. La gestion désastreuse du cas Céspedes pourrait bien être le dernier clou dans le cercueil du directeur général new-yorkais.
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