La NHL se ridiculise-t-elle avec ses interminables négociations ?

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La NBA va repartir et la NFL a réussi son pari de maintenir une saison complète malgré la pandémie. Pour la NHL, cela semble plus compliqué. L’annonce de date cible à intervalle régulier maintient l’optimisme des fans mais il y a peu d’avancées réelles. Alors que Noël approche, le retour au jeu n’est toujours pas fixé et l’ombre d’un lockout plane toujours. Ainsi, la question mérite d’être posée : la NHL est-elle en train de se ridiculiser ?

De prime abord, on pourrait penser que oui. En effet, la NFL va tenir une saison de 17 semaines comme prévu et la NBA va redémarrer fin décembre. La NHL est en plein conflit avec les joueurs et veut renégocier un accord vieux de seulement quelques mois. Les autres dirigeants semblent donc faire bien mieux que Gary Bettman. Mais en réalité, ils ne font pas face aux mêmes problématiques.

Une brève revue des sources de revenus de la ligue

Tout d’abord, il faut comprendre que le « business model » de la NHL diffère de celui des autres ligues. Il faut s’intéresser aux droits TV pour le comprendre. Ils se divisent en deux catégories : les droits TV nationaux et les droits TV locaux. La redistribution des droits TV nationaux se fait de manière équitable entre les franchises. Ainsi chaque franchise reçoit le même montant au centime près.

Sur le plan national, la NHL reçoit environs 700 millions de dollars de droits TV par an (Canada + États-Unis). A titre de comparaison, la NFL en reçoit plus de cinq milliards (États-Unis seulement). Chaque franchise de la NHL reçoit donc une vingtaine de millions de dollars via les droits TV nationaux. Une franchise de la NFL en reçoit approximativement 150, c’est bien plus conséquent. Ainsi, l’argent des droits TV couvre quasiment les trois quarts du salary cap (198.2 millions de dollars) d’une franchise de la NFL, mais seulement un quart d’une franchise de la NHL (81.5 millions).

Alors forcément, la présence des fans dans les stades/patinoires n’a pas la même importance. Les marges dégagées par les tickets vendus par les franchises de NFL sont faibles, quelques dollars par ticket seulement. Ainsi, la NFL ne compte pas vraiment sur la venue des fans pour son budget. En NHL, cette part est bien plus importante.

La NHL est tout de même un modèle de régularité et de finance saine. Sa gestion est plutôt bonne et elle a su diversifier ses sources de revenus. La ligue pèse aujourd’hui 5 milliards de dollars et l’actuel contrat de diffusion aux États-Unis arrivent à expiration à la fin de la saison 2020-21. Il y a de fortes probabilités que le futur contrat augmente les revenus de la ligue.

Pourquoi prendre le temps n’est pas forcément une mauvaise chose ?

La NHL joue donc gros durant cette saison, les audiences doivent être au rendez-vous sous peine de dévaluer le futur contrat de droit TV. Il y a aussi l’arrivée de Seattle lors de la saison 2021-22 qui doit se faire dans les meilleures conditions.

Une stabilité financière menacée

La ligue défend donc ses intérêts et ne veut pas volontairement flouer les joueurs, sans raison apparente. Sans fans dans les patinoires, les revenus vont être plus faibles et donc les risques de pertes plus élevés. Ses demandes ne sont donc pas illégitimes, augmenter le pourcentage des revenus passant par l’entiercement lui assure de ne pas être la seule à supporter les pertes éventuelles. Le report d’une partie des salaires permet aussi de mieux faire face à cette baisse de revenus en diminuant les charges. La ligue veut donc éviter qu’une franchise subisse trop de pertes, ce qui serait un mauvais signal pour de potentiels investisseurs.

Pour autant, il ne faut pas jeter la pierre aux joueurs non plus. Ils ont déjà consenti des efforts dans un CBA signé il y a quelques mois à peine. Ils attendent donc que celui-ci soit honoré et ne veulent pas consentir plus d’efforts. Les carrières sont courtes et beaucoup de joueurs doivent gagner suffisamment pour en vivre toute leur vie. Comme très souvent dans le monde des affaires, le scénario n’est pas vraiment manichéen et les deux parties défendent leurs intérêts.

Une pandémie pas toujours bien gérée ailleurs

Sur l’aspect sportif, beaucoup de franchises de NFL ont été affectées par des joueurs malades du COVID et cela impacte très négativement les performances des équipes. Il est aussi possible de pointer du doigt la gestion de la NFL qui reporte uniquement certains matchs en se basant sur des critères plutôt flous. Au final c’est l’équité sportive qui en prend un coup et par conséquent le spectacle proposé.

Si un départ différé et quelques matchs de saison régulière en moins peuvent éviter de telles problématiques, est-ce vraiment une si mauvaise chose ?

Une saison régulière vous manque et tout est dépeuplé

Le principal problème, c’est que pendant que toutes ces discussions ont lieu, il n’y a pas de matchs, pas de buts de McDavid ou d’arrêts de Crawford. Or, les fans n’ont que faire des aspects financiers, eux veulent juste voir du hockey. De fait, les négociations semblent contre-productives car elles éloignent chaque jour un peu plus ce but.

Pour autant le travail réalisé par la ligue sur ces dernières années est considérable et un lockout n’arrangerait personne, joueurs comme dirigeants. Ainsi, non, la ligue ne se ridiculise pas vraiment. Certes l’attente est insoutenable et en cette période difficile, voir du hockey serait un réel réconfort. Mais une fois le fond de ces négociations bien assimilé, il est plus évident d’en voir le besoin. La NHL est une ligue unique en Amérique et remettre certaines questions à plus tard sous prétexte que « The show must go on » n’est pas toujours la solution…

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