La décision inexplicable de Kevin Cash
Les Rays ont perdu le Match 6 (1-3) des World Series la nuit dernière, offrant du même coup aux Dodgers leur premier titre depuis 1988. Si le parcours de Tampa Bay a été héroïque, une question a plané sur l’équipe floridienne tout au long des playoffs, et même au cours de la saison régulière : pourquoi Kevin Cash s’entête-t-il à sortir Blake Snell si vite à chaque match ?
Lanceur partant pour cette sixième rencontre, Snell n’avait concédé que deux coups sûrs lorsque son entraîneur à décider de le retirer de la partie. Les Rays mènent alors 1-0 après cinq manches et un tiers, et Austin Barnes vient d’arriver sauf en première base. Mookie Betts, Corey Seager et Max Muncy sont censés se présenter dans la boîte de frappe ; Snell les a tous éliminés au marbre à deux reprises plus tôt dans la rencontre. Cash décide tout de même de remplacer Snell par le lanceur de relève Nick Anderson. Ce dernier concède un double à Betts qui permettra à Los Angeles d’égaliser, avant qu’une erreur de la défense n’offre l’avantage à LA. En tête depuis la première manche, les Rays laissent filer leur avance après la sortie de Snell ; ils ne la retrouveront plus jamais.
Forcément, cette décision a fait polémique après la rencontre ; Snell n’a pas caché sa frustration : « Je suis clairement déçu et énervé. Je voulais continuer à lancer. Je me sentais bien. J’ai fait tout ce que j’ai pu pour prouver que je devais rester sur le monticule, et au final, on a perdu. Ça craint. » Le gaucher n’avait effectué que 73 lancers au moment de sa sortie. Il pensait pouvoir tenir un peu plus longtemps dans ce match crucial : « Je n’avais pas lancé un aussi bon match depuis longtemps. »
Au moment de sa sortie dans la sixième manche, le lanceur de 27 ans était furieux :
Kevin Cash a défendu sa décision devant les journalistes après le match : « Je regrette sa décision parce que ça n’a pas marché. Mais bon, je pensais bien faire… Si c’était à refaire, j’aurais vraiment confiance en Nick Anderson pour se sortir de cette manche. » L’entraîneur de 42 ans estime qu’il était périlleux pour Snell de devoir à nouveau s’opposer à Betts ainsi qu’à Seager : « Ce qui a motivé cette décision est que les Dodgers ont l’une des attaques les plus puissantes de la ligue. Personnellement, j’ai pensé que Blake avait fait ce qu’il avait à faire. Mookie allait arriver au bâton pour la troisième fois. »
Blake Snell a tout de même tenu à renouveler sa confiance envers son entraîneur : « Je ne vais pas douter de lui. C’est un incroyable entraîneur. »
Vainqueur du Cy Young Award dans la Ligue Américaine en 2018, Snell est l’as indiscutable de Tampa Bay. Il n’a connu aucune autre équipe que les Rays au cours de sa carrière en MLB, débutée en avril 2016.
La décision de sortir Snell tôt dans le match est controversée, et on ne saura jamais ce qu’il se serait passé s’il était resté plus longtemps dans le match. Une chose est sûre : Cash n’en était pas à son coup d’essai. Il a fait ce choix plusieurs fois pendant la saison avec Snell, à commencer par le Match 2 des World Series mercredi. Le gaucher n’avait concédé que deux points lorsque son entraîneur l’avait sorti après quatre manches et deux tiers. Les Rays l’avaient tout de même emporté (6-4).
Durant les playoffs, Snell n’a jamais lancé six manches complètes. Cash l’a souvent remplacé au bout de cinq manches, malgré le cours de la rencontre et les performances souvent dominantes de son lanceur. Il avait notamment été sorti au bout de quatre manches dans le Match 4 des Championship Series contre les Astros (4-7), alors qu’il n’avait encaissé que deux points.
Blake Snell termine cette édition 2020 des playoffs avec une moyenne de points concédés de 3.03, assortie de deux victoires et de deux défaites en six matches lancés. Le gaucher est devenu lors de ces World Series le huitième lanceur de l’histoire à enchaîner deux rencontres avec neuf éliminations au marbre à ce stade de la compétition.
Interrogé sur le choix de son homologue, Dave Roberts, l’entraîneur des Dodgers, estime que la sortie de Snell a été un moment critique de cette rencontre : « J’étais content parce qu’il nous a dominé toute la rencontre. » Corey Seager partageait ce sentiment : « On peut lui tirer notre chapeau. Il a délivré une sacrée performance. »
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