(L’Enfer du Dimanche) d’Oliver Stone est-il le meilleur film jamais réalisé sur le football ? – Épisode 1/4 : Autour du film

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Intro(duction) :

(L’Enfer du Dimanche) d’Oliver Stone est-il le meilleur film jamais réalisé sur le football ? Comment répondre objectivement à cette question ? Nous constatons d’ores et déjà que celle-ci soulève la controverse sur les réseaux, chacun y allant de son commentaire définitif : « Non c’est celui-ci ou c’est plutôt celui-là » !

Le cinéma, qualifié de septième art, demeure effectivement une discipline artistique et lorsqu’il s’agit d’Art, les jugements « objectifs » ne comptent pas. En effet, qui a créé le meilleur art pictural ? Vincent Van Gogh, Le Caravage, Jackson Pollock ou l’homme de Cro-Magnon dans  sa grotte à Lascaux ? Qui a créé le meilleur art musical ? Wolfgang Amadeus Mozart, Justin Bieber, The Beach Boys ou les aborigènes en Australie ? S’il apparaît impossible de répondre à ces questions, en quoi serait-il plus facile de répondre à la nôtre ?

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Alors effectivement, la tâche à laquelle nous nous attelons est loin d’être aisée et suscitera certainement des incompréhensions, des mécontentements, des critiques, mais aussi des adhésions voire des conversions, nous osons l’espérer. Quoi qu’il en soit, et comme avec chaque objet culturel que nous enchâssons dans notre (la)PARENTHèSE, nous formons le souhait que cette mini-série de 4 articles vous donnera envie d’accéder, à nouveau ou pour la première fois, à ce monument de la culture américaine. Un monument qui, quoi qu’on en dise, rend un vibrant hommage à une de nos passions communes : le football.

À partir d’aujourd’hui et lors des 3 prochains mercredis, retrouvez notre analyse du film d’Oliver Stone dans les colonnes de thefreeagent.fr, nous allons vous proposer nos publications organisées de la façon suivante :
Épisode 1/4: Autour du film
Épisode 2/4: Oliver Stone et son casting
Épisode 3/4: L’histoire
Épisode 4/4: Le fond et la forme

Genèse (du film)

Nous sommes au milieu des années 90, après l’échec de (Nixon), et alors qu’il pensait déjà à un biopic sur Martin Luther King, Oliver Stone cherche un projet moins politique et capable de réunir un grand public dans les salles obscures. Une pression du système et du public qui fait écho à un dialogue de Christina (Cameron Diaz) dans le film : « Les gens veulent des passes, des touchdowns, des gros scores. C’est ça le jeu aujourd’hui ». Chose confirmée par James Woods, qui raconte que le cinéaste a décrit cette histoire comme « une super métaphore de moi qui vieillit comme réalisateur, et veut rester pertinent et à la pointe de l’innovation ».

Le sujet du football américain l’intéresse depuis des années puisque vingt ans avant, il avait essayé de monter un projet avec Charles Bronson, (The Linbacker). Derrière (L’Enfer du dimanche), il y a plusieurs matériaux : le scénario (Monday Night) de l’ancien joueur Jamie Williams et du journaliste sportif Richard Weiner ; un autre intitulé (On Any Given Sunday) proposé par John Logan (Gladiator, Spectre) ; un troisième écrit par Daniel Pyne (Un Crime dans la tête, La Faille) ; et le livre (You’re Okay, It’s Just a Bruise : A Doctor’s Sideline Secrets) de Robert Huizenga (qui a assisté le médecin de l’équipe des L.A. Raiders dans les années 80, et qui a donné le personnage de James Woods). Stone expliquait : « J’étais vraiment intéressé par le sujet pour un film. Warner Bros. avait le bouquin de Robert Huizenga, et le scénario de John Logan, la très jolie histoire d’un coach loser. J’ai combiné les deux au dernier moment. »

Oliver Stone voit dans ce sport une belle métaphore de Hollywood, de plus en plus bouffé par l’argent et le star system. Le parallèle ira encore plus loin puisque le cinéaste se retrouve dans une grande bataille politique avec la puissante NFL (National Football League). Il racontait : « La NFL a été vraiment contre nous. Ils détestaient le scénario. Ils ont voulu tout empêcher en disant aux joueurs de ne pas nous aider. On a failli ne pas avoir de stade. Ça a été une bataille du début à la fin. Et quand le film est sorti, la NFL a commencé à nous tailler. Il n’y avait aucune couverture sur les chaînes sportives. Ce n’était pas drôle de les combattre, c’est comme affronter le Pentagone. »

Team (building)

Oliver Stone décide d’envoyer ses acteurs principaux suivre un stage d’entraînement intensif, et les prévient qu’aucun d’eux n’est encore engagé avant d’avoir fait ses preuves. Michael Clarke Duncan et Lawrence Taylor sont tous les deux présents pour le même rôle, mais Duncan sera remercié. Puff Daddy aussi est éjecté, car incapable d’être un sportif convaincant.

Cuba Gooding Jr. aurait été évoqué, mais c’est finalement Jamie Foxx qui est choisi. L’acteur déclarait : « Oliver Stone m’a vraiment mis au défi. La première fois que j’ai auditionné, il m’a dit que j’étais nul. Parce que je parlais fort, parce que je venais de la TV ». Le cinéaste racontait : « Jamie était vraiment notre premier choix parce que c’était un quaterback au lycée. On me l’a présenté parce qu’il avait sa série à succès The Jamie Foxx Show, et il était sous contrat avec Warner, donc il était parfait. »

Toute l’équipe parle de ce tournage comme d’un combat. Aaron Eckhart disait à l’époque : « On était en guerre. Je ne sais pas contre qui ou quoi, mais on était en guerre ». Oliver Stone confirme : « C’était la guerre, parce que j’étais mort une fois que c’était fini. C’était un film monstrueux à faire, comme un film de guerre avec cinq matchs comme cinq scènes de combat. C’était aussi dur à faire que Platoon. »

Cette douce guerre contamine l’équipe, avec des tensions entre les acteurs que le réalisateur utilise au profit de son film. Il y avait beaucoup d’improvisation, et Aaron Eckhart se souvient de l’ambiance : « Oliver adore l’idée du chaos et des disputes. Il maintenait tout le monde sur ses gardes. Je me souviens que le premier jour où je suis arrivé, je ne travaillais même pas, et tout le monde était sur le terrain. Oliver vient me voir et me lance, ‘Va dire quelque chose à Al’. Je réponds que je ne travaille pas. Il me répond, ‘Je m’en fous’. Donc je suis allé sur le terrain et Al me regarde, et me dit, ‘Qu’est-ce que tu fais là ?’. ‘Oliver m’a dit de venir et te dire un truc’. Je n’oublierai jamais ce moment. Et tout le film a été comme ça, pour tout le monde. »

Le combat devient un peu trop réel pour certains, notamment Jamie Foxx et LL Cool J qui laissent parler leurs egos et muscles. Le tournage d’une scène où les deux sportifs se disputent et en viennent aux mains vire au chaos, quand Jamie Foxx commence à réellement frapper son collègue, lequel renvoie la pareille et met son partenaire au sol.

Sortie (du film)

(L’Enfer du Dimanche) a officiellement coûté dans les 55 millions de dollars, et en a rapporté environ 100, dont 75 aux USA. Un succès modeste mais certain pour Oliver Stone, habitué aux box-offices en demi-teinte, même avec ses films cultes. C’est ainsi l’un de ses plus gros succès avec notamment (Platoon) 138 millions au box-office, (Né un 4 juillet) 161 millions et (JFK) plus de 200 millions. Une bouffée d’air frais puisque le cinéaste avait alors connu plusieurs échecs à la suite, avec (Tueurs nés) 50 millions, (Nixon) 13 millions et (U-Turn : ici commence l’enfer) avec même pas 7 millions. D’autant qu’il enchaînera avec le fameux (Alexandre), échec spectaculaire à sa sortie.

Voici quelques extraits de critiques françaises publiées lors de la sortie du film : « aussi vide que pénible, dégonflé comme un vieux ballon » (les Inrocks), « on ne saisit quasiment rien vu que stone hache et pulvérise tout » (Télérama), « le film est trop long, brillant, bourré de métaphores » (Le Nouvel Observateur), « (L’Enfer du Dimanche) apparaît comme un film démodé, incertain de lui-même et de ses enjeux, et Stone comme un cinéaste perdu dans une époque à laquelle il ne comprend pas grand-chose » (Les Cahiers du Cinéma).

Reparlant du film en 2020, Oliver Stone disait : « Les critiques ont été dures, elles le sont toujours avec moi ». Parce que le cinéma est soumis aux modes, nous souhaitons sauver un film mésestimé, amoché par la critique, le public, ou les deux à sa sortie. Et maintenant place à (L’Enfer du dimanche), film de footballers et de gladiateurs, avec Al Pacino, Cameron Diaz, Jamie Foxx, LL Cool J, Denis Quaid, James Wood, Mathew Modine, Aaron Eckhart, Elisabeth Berkley et bien d’autres (à retrouver dans notre prochain article). L’un des grands films d’Oliver Stone…

Pour les différentes citations, des protagonistes du film, qui alimentent cet article, cf. : https://ew.com/movies/2020/01/22/any-given-sunday-oral-history/

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