College Basketball : l’épopée « The Glory Road » de Texas Western

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Replongeons ensemble dans un des exploits les plus retentissants du sport universitaire américain. En effet, au cour de la saison 1965/1966, les Miners de l’université de Texas Western (actuellement l’Université du Texas à El Paso), ont remporté le championnat universitaire avec un cinq de départ exclusivement composé de joueurs noirs face aux Wildcats de Kentucky et son programme composé uniquement de blancs. Cet exploit, les Miners le doivent à un homme : Don Haskins.

Don Haskins

Donald Lee Haskins est né le 14 Mars 1930 à Enid dans l’Etat d‘Oklahoma. Il a évolué durant trois saisons au sein de l’université Oklahoma A&M (actuellement Oklahoma State University), sous les ordres de Henry Iba. Il prendra par la suite la décision d’embrasser une carrière d’entraîneur, il commencera dans une petite école du Texas entre 1955 et 1961. A l’aube de la saison 1961/1962, l’Université de Texas Western va alors le contacter pour venir prendre la tête de leur équipe de basketball. Avant son arrivée, les Miners avaient la réputation de jouer avec plusieurs joueurs afro-américains, ce qui n’était pas commun à cette époque dans le sport universitaire principalement réservé aux blancs.

Lorsque Don Haskins arrive à la tête des Miners, il va hériter de trois joueurs noirs. Pour sa première saison son équipe terminera la saison avec un bilan plus que correct de 18 victoires pour six défaites, mais toutefois insuffisant pour espérer participer au tournoi final. La saison suivante sera la bonne, les Miners se qualifient pour le tournoi, le premier sous l’ère Don Haskins.

Les ressources financières de l’université sont assez limitées, Don Haskins va alors se tourner vers la communauté afro-américaine pour recruter une équipe qui soit capable de se mêler à la lutte pour le championnat. Il va ainsi construire un effectif composé de sept joueurs de couleur et seulement cinq blancs. Cette politique de recrutement va tout d’abord être vue d’un mauvais œil par les membres de l’université. N’oublions pas que nous sommes dans le sud des Etats-Unis et que la ségrégation est très présente dans les années 60. Haskins va alors mettre en place une méthode stricte auprès de ses joueurs. En effet, il va exiger de ses joueurs qu’ils se donnent à fond à chaque entrainement et en match, les menaçant de les virer de l’équipe si ils ne faisaient pas les efforts qu’il attendait d’eux.

Don Haskins occupera le poste d’entraineur jusqu’en 1999. Il deviendra aussi  assistant coach en 1972 avec Team USA. Durant ses trente-huit années passées sur le banc des Miners puis ensuite d’UTEP, il enregistrera un bilan exceptionnel avec 719 victoires pour seulement 353 défaites. Surtout il participera quatorze fois au tournoi final. Il sera intronisé au Naismith Memorial Basketball Hall of Fame en 1997.

1965/1966, l’année du sacre

Après un début poussif, Haskins va alors prendre la décision de laisser plus de liberté à ses joueurs afro-américains sur le terrain. Le style de jeu de l’équipe va être métamorphosé, et les victoires vont alors s’enchaîner. Le succès de son équipe va alors provoquer la haine raciale. Haskins va recevoir des menaces de mort envers lui et sa famille. Un joueur de l’équipe va être passé à tabac, en déplacement ils vont voir leurs chambres de motels vandalisés par des racistes. Toutes ces tensions vont alors effrayer de plus en plus les joueurs. Ils perdront leur dernier match de la saison car les joueurs n’ont plus la tête au basket. Le bilan de cette saison est toutefois très bon avec 20 victoires et une seule défaite, ce qui les positionne en troisième place à l’entame du tournoi.

Les Miners arriveront jusqu’en finale, pour y affronter les Wildcats de Kentucky du légendaire entraineur Adolph Rupp au Cole Field House de l’université du Maryland. Les Wildcats, bien plus expérimentés, partent favoris dans cette finale de championnat. L’université de Kentucky avait à cette époque un programme exclusivement réservé aux blancs. C’est alors que Don Haskins va avoir l’idée d’aligner un cinq uniquement avec des joueurs noirs, et utiliser uniquement ses deux derniers joueurs de couleur pour la rotation. Cette tactique s’avérera payante puisque les Miners remporteront le championnat en venant à bout des Wildcats sur le score de 72-65.

Mais comme au cours de la saison, les joueurs vont ressentir la haine raciale jusque dans la célébration de la victoire finale. A la fin de la finale, personne n’est venu leur apporter d’échelle pour couper le filet comme il est de coutume pour tout les champions universitaires. Ils ne seront pas non plus invités au Ed Sullivan Show, qui est pourtant un rendez-vous incontournable pour les vainqueurs. Cependant, la victoire des Miners a joué un rôle important dans la lutte contre la ségrégation, ainsi qu’auprès des athlètes noirs car l’année suivante la conférence SouthEast enregistrera la venue de leur premier joueur afro-américain en la personne de Perry Wallace qui jouera pour l’Université de Vanderbilt.

Don Haskins a toujours défendu son choix de faire jouer un cinq de départ uniquement composé de joueurs afro-américains.

« Je ne pensais pas juste aligner juste cinq joueurs noirs. Je voulais juste mettre mes cinq meilleurs joueurs sur le parquet. Je voulais juste gagner ce match »

Don Haskins

Haskins ne pensait pas à ce moment, qu’aligner un cinq uniquement composé de joueurs de couleur, serait un geste fort dans la lutte contre la ségrégation.

« Je ne m’attendais pas à être un pionner de la lutte raciale ou bien changer le monde. »

L’équipe de Texas Western entrera au Hall of Fame en 2007.

« The Glory Road »

Don Haskins va rédiger ses mémoires et évoquer cette période dans son autobiographie intitulée « The glory road« . Le livre sortira le 13 Janvier 2006. Il fera ensuite l’objet d’une adaptation cinématographique la même année, un film réalisé par James Gartner.

Cette épopée n’est  peut être pas la plus connue, mais elle aura était importante à son époque dans la lutte raciale qui agita le pays. A maintenant un mois de la « March Madness« , il est important de se remémorer les belles histoires du sport universitaire américain. Nous vous laissons avec ces images d’archive de cette finale qui marquera à jamais l’histoire du basket universitaire.

 

 

 

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