Une décennie, un Super Bowl : 1966, le pionnier du genre

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Nous inaugurons aujourd’hui notre fil rouge qui nous mènera jusqu’au Super Bowl LV et qui opposera les Chiefs de Patrick Mahomes aux Buccaneers de Tom Brady. Pour ce faire, The Free Agent vous a concocté une mini-série en six épisodes retraçant les événements de six Super Bowl qui ont marqué leur décennie. Matchs totalement fous, joueurs légendaires, équipes mythiques… embarquez avec nous pour (re)découvrir le must du Super Bowl.

James Flores/Getty Images

Et parce qu’il en fallait un, c’est lors de la saison 1966 qu’a eu lieu le tout premier Super Bowl de l’histoire. Un Super Bowl un peu spécial puisqu’il ne s’agissait pas encore de la finale de la NFL mais bien d’une confrontation entre les deux finalistes de deux ligues totalement différentes. À cette époque, le champion de l’American Football League affrontait le champion de la National Football League. Un premier match qui s’est tenu le 15 janvier 1967 au Memorial Coliseum de Los Angeles. Retour sur ce match d’anthologie qui a marqué le début de l’ère des Super Bowl.

 
Mais pour commencer il faut savoir que ce Super Bowl n’en est pas vraiment un. En tout cas, pas dans le texte puisque à cette époque la finale entre l’AFL et la NFL ne portait pas ce nom. Nous vous invitons d’ailleurs à découvrir les origines du nom Super Bowl dans un article que nous lui avons consacré.

Mais revenons à notre match, appelé alors le « NFL-AFL World Championship Game », et à cette confrontation qui opposait à l’époque les Packers de Green Bay et les Chiefs de Kansas City.

 

Le contexte

Mais alors comment en est-on arrivé à une finale entre deux équipes de ligues différentes ? Tout commence 1960 alors que la NFL existe déjà depuis bien longtemps (1920) et a déjà résisté de nombreuses fois à l’émergence de ligues concurrentes (AFL, All-America Football Conference). Mais cette fois, l’AFL qui a déjà existé par trois fois dans le passé, se reforme autour de huit équipes : New York Titans, Boston Patriots, Buffalo Bills, Houston Oilers, Los Angeles Chargers, Denver Broncos, Oakland Raiders, et les Dallas Texans. Une ligue qui va rapidement attirer l’attention en signant beaucoup de joueurs qui avaient été draftés par la NFL et qui va donc s’imposer dans le paysage américain.

Finalement, après plusieurs années de rivalité et une lutte particulièrement féroce faisant grimper les salaires proposés aux joueurs, les deux ligues signent un pacte en 1966. Elles décident de fusionner pour l’horizon 1970 et d’ici là, d’organiser un match de final qui regrouperait les champions de chaque ligue.

Nous revenons ainsi à notre point de départ : le Super Bowl 1966 ou plutôt le NFL-AFL World Championship Game. Et ce sont donc les Packers, vainqueurs de la NFL, qui allaient affronter les Chiefs, victorieux de l’AFL. Et l’enjeu est bien là car chaque ligue veut démontrer qu’elle est la meilleure. On attend beaucoup des joueurs et des coachs.

Et comme il s’agissait encore des balbutiements de la futur NFL telle qu’on la connait, le lieu a pour sa part était décidé six semaines seulement avant l’événement (organisation quand tu nous tiens !). Les deux ligues avaient besoin de se mettre d’accord et ça ne s’est pas fait sans mal avant de choisir le Memorial Coliseum de Los Angeles. Et croyez le ou non, le stade était aux deux tiers vide… seules 62 000 places ont trouvé preneurs alors que le stade pouvait contenir 94 000 personnes. Bon nombre de fans s’étaient plaint du prix des billets à 12$ et un voleur qui s’était emparé du coffre fort des Chiefs avant le match aurait même laissé les billets à l’intérieur, préférant ne s’encombrer que de l’argent. Une aubaine au final qui évitera un drame. Juste après le coup d’envoi, l’aiguille métallique des heures du tableau d’affichage s’est détachée, tombant sur les sièges vides en dessous… Il fallait en vouloir pour aller voir le Super Bowl à cette époque !

LOS ANGELES – JANUARY 15: The First World Championship Game, AFL vs. NFL, later known as Super Bowl I, on January 15, 1967 at the Los Angeles Memorial Coliseum in Los Angeles, California. (Photo by CBS via Getty Images)

Même si le contexte prête à sourire, il n’a pas empêché le match de se dérouler et nous verrons par la suite que ces « anomalies » complètement inconcevables aujourd’hui, n’ont pas été les seules de cette rencontre historique. Mais il est maintenant temps de s’intéresser au match et aux équipes qui allaient jouer cette finale.

Les forces en présence

Honneur aux vainqueurs de l’AFL, les Kansas City Chiefs. Les Chiefs se présentent pour cette finale en ayant eu un parcours remarquable dans l’AFL avec un record de 11-2-1. Ils terminent ainsi premiers de leur conférence Ouest devant les Raiders et défient alors en finale de l’AFL les double champions sortants, les Bills de Buffalo. Ils l’emportent 31-7 et obtiennent ainsi leur qualification pour la finale du Super Bowl.

À cette époque ils sont emmenés par leur quarterback, Len Dawson, légende de ce sport avec 19 saison au compteur et des distinctions en pagaille. Il compile cette année là 2 527 yards, 26 touchdowns et 10 interceptions. À ses côtés, on retrouve notamment le receveur Otis Taylor et le rookie, Mike Garrett, au poste de running back. Garrett sortait tout juste de l’université honoré du Heisman Trophy et combinera pour 801 yards et 6 touchdowns cette saison.

Du côté de la défense, on retrouve alors des joueurs comme Jerry Mays, Buck Buchanan et Johnny Robinson qui marqueront tous l’histoire de la ligue. Une formation très solide avec un jeu déjà très orienté vers la passe et le meilleur jeu au sol de l’AFL. Il faut noter qu’à cette époque, l’AFL était en avance par rapport à la NFL sur le jeu aérien avec des équipes beaucoup plus tournées vers cet aspect du jeu et une moyenne de 300 yards de plus à la passe par équipe sur la saison.

Ça c’est de la promo !

En face, les Packers se présentent eux aussi avec leurs stars. À commencer par leur quarterback, Bart Starr, véritable légende et MVP de la saison avec 2 257 yards complétés, 14 touchdowns et trois interceptions. L’autre star de cette escouade offensive était le fullback, Jim Taylor, qui sort cette année là d’une saison à 705 yards pour quatre touchdowns ainsi que 331 yards réceptionnés pour deux touchdowns.

De l’autre côté du terrain, Ray Nitschke était l’un des piliers au poste de linebacker, très bien épaulé par Herb Adderley et Willie Wood dans le secondary. Mais cette équipe ne serait rien sans son mentor et head coach, Vince Lombardi (le nom vous parle ?). Lombardi a repris cette équipe en 1959 après une saison à 1-10-1… il l’a fait devenir la meilleure de la NFL en deux ans, remportant le titre NFL en 1961, 1962, 1965 et 1966.

En 1966, l’équipe termine sa saison sur un bilan de 12-2 et s’offre une finale NFL face aux Dallas Cowboys, une autre franchise redoutable à cette époque. Ils remportent finalement la rencontre sur le score de 34-27 et partent alors favoris face aux Chiefs de Kansas City.

On avait la classe sur la ligne de touche à l’époque !

Le match

Alors avant de démarrer la rencontre et comme si cela n’était pas assez compliqué, il faut savoir que ce match s’est joué avec deux ballons différents. La raison ? Les deux ligues ne jouaient pas avec les mêmes types de ballons. La NFL jouait avec le ballon officiel « The Duke » de Wilson alors que l’AFL jouait avec le Spalding J5-V, un ballon légèrement plus fin et long facilitant le jeu de passes. Et pour régler la question, on a décidé à l’époque de changer de ballon à chaque possession. On est loin du Deflategate et des ballons dégonflés mais quand même !

Pour le match, ce sont les Packers qui ont pris l’avantage les premiers. Sur un drive de six actions, ils remontent 80 yards notamment sur des réceptions de Marv Fleming, Elijah Pitts et Carroll Dale avant une conclusion de Max McGee. Après avoir glissé, le receveur effectue une réception à une main, il court les 23 yards qui le sépare de la endzone pour un touchdown de 37 yards au total.

Les Chiefs réagissent dans le deuxième quart temps grâce à leur receveur star, Otis Taylor. Après une réception de 31 yards qui permet à son équipe d’avancer, c’est Curtis McClinton qui marque le touchdown qui remet les deux équipes à égalité. Sur une play action, Len Dawson trouve McClinton dans la endzone sur une passe au dessus du secondary des Packers. Un touchdown qui relance la rencontre mais pas pour longtemps.

https://www.youtube.com/watch?v=RbTNTISILOs

Les Packers reprennent l’avantage grâce à Jim Taylor. L’action va au delà du simple touchdown puisque Green Bay réalise la fameuse Lombardi sweep. Une action où la ligne offensive se décale complètement afin de venir protéger le running back et lui offrir finalement des fullbacks supplémentaires pour le couvrir. Une révolution à cette époque dans le jeu et un touchdown pour les Packers dans cette finale.

Après cela, les Chiefs réduisent l’écart au pied pour revenir à 14-10 avant la mi-temps. Une mi-temps qui nous offrira un moment unique dans l’histoire. Le coup d’envoi de la seconde mi-temps a du en effet être joué deux fois ! La raison est simple : deux chaines possédaient les droits du match. NBC grâce aux droits de l’AFL et CBS pour la NFL. Mais quand les Packers donnent l’engagement de la seconde période, la moitié du pays le rate car NBC est toujours en train de passer des publicités. On a donc été obligé de le rejouer afin que les téléspectateurs ne ratent rien !

Et on va dire que c’est surement ça qui a perturbé les Chiefs. Ils prennent complètement l’eau dans cette seconde mi-temps. Mis sous pression sur son premier drive, Dawson au bord du sack lance le ballon dans les mains de Willie Wood qui réalise l’interception. Le joueur remonte le terrain jusqu’aux cinq yards et laisse son running back, Elijah Pitts, finir le travail au sol. « L’action du match » selon Starr.

Les Chiefs coulent complètement dans le 3ème quart temps ne totalisant que 12 yards en attaque. Les Packers en profitent et marquent un nouveau touchdown par McGee une nouvelle fois. Il attrape une passe de Starr et permet à son équipe de prendre l’avantage 28-10. Green Bay marque un dernier touchdown dans le dernier quart temps par l’intermédiaire de Pitts et conclut la rencontre sur le score de 35-10. Domination totale et victoire de la NFL !

Vince Lombardi remporte son premier Super Bowl et réitérera l’opération l’année suivante. Bart Starr est logiquement nommé MVP. Il compile 250 yards, deux touchdowns et une interception. Green Bay de son côté restera aussi dans l’histoire comme l’équipe des années 60, une véritable dynastie. Au total, ce sont 14 joueurs de la finale qui seront nommés au Hall of Fame ainsi que les deux coachs, Lombardi et Stram. En hommage, la NFL renommera le trophée de la compétition en « trophée Lombardi » après la mort de celui-ci du cancer en 1970. Quel plus bel hommage pouvait-on lui faire ?

Le film du match :

https://www.youtube.com/watch?v=-ihLXZ2-l7A

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