La NHL possède-t-elle le meilleur système de séries éliminatoires ?

par 8 minutes de lecture
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Alors que la saison NFL bat son plein, les playoffs arrivent à grands pas. Les playoffs NFL sont vraiment uniques. Contrairement aux autres ligues majeure, ils troquent le système de séries au profit de matchs à élimination directe. Il sont aussi considérés par beaucoup comme la quintessence de la post-saison car riches en suspens et en spectacle. De plus, avec 12 équipes qualifiées jusqu’en 2019 (14 maintenant), ce système est plutôt sélectif. Une question se pose alors : la NHL devrait-elle s’inspirer de la NFL et repenser son modèle de séries éliminatoires ?

La réponse à cette question tient en réalité en un seul mot : non.

Non, car la NHL possède sans doute le meilleur système de post-saison existant aujourd’hui parmi les ligues majeures. Il est un subtil mélange entre spectacle, équité sportive et suspens.

Un bref résumé du système en place dans la NHL

Avant de pouvoir expliquer pourquoi il s’agit du meilleur système, il convient de le définir et de le détailler. Le système de la NHL s’inspire fortement de deux systèmes déjà mis en place dans deux ligues : La NFL et la NBA.

La NBA et la NHL partagent plusieurs points communs. Le nombre de qualifiés est le même 16 (et s’approche de 50% des franchises) et fonctionne sous forme de séries au meilleur des sept matchs. Une équipe doit donc gagner quatre fois contre son adversaire pour passer au tour suivant.

En revanche, le système de qualification en séries est lui plus proche de celui de la NFL et se base davantage sur le placement dans la division que le placement dans la conférence. Pour rappel, la NHL est divisée en deux conférences, elles-mêmes divisées en deux divisions. Les trois premiers de chaque division sont qualifiés tandis que deux autres équipes prennent les spots de wild card. Ce qui amène bien à un total de huit équipes par conférence et donc 16 sur l’ensemble de la ligue.

Ensuite, la meilleure équipe de la conférence, celle qui a le plus de points (donc le premier d’une des deux divisions) joue la moins bonne des équipes de wild card (celle qui a le moins de points). Le deuxième affrontent le troisième de sa division et la dernière équipe de wild card affronte le premier de l’autre division.

Pourquoi ce système est intéressant ?

L’intérêt majeur du système réponse sur les rencontres intra-division qui limite l’impact que pourrait avoir un écart de niveau conséquent entre les divisions. Ce n’est pas le cas de la NFL, où un vainqueur de division va toujours jouer contre une équipe de wild card, comme en NHL. Mais avec quatre divisions par conférence, le risque d’avoir une division faible est plus élevée. Si on prend l’exemple des playoffs NFL de 2020, certaines équipes ont plus intérêt à perdre leur division pour se retrouver face au gagnant de la NFC Est (sur le papier, plus abordable) plutôt que de la gagner et prendre le risque de se retrouver face à une équipe plus forte. Ce qui est un non-sens sportif, une franchise ne devant pas avoir à faire ce type de choix.

Enfin, le système de la NHL favorise aussi les rivalités sportives car des équipes peuvent se retrouver face à face en séries éliminatoires plusieurs années de suite. Ce qui apparait difficilement faisable avec le système de la NFL. Ainsi, les Bruins ont pu se défaire deux années de suite des Leafs, tandis que le Lightning a pu prendre sa revanche sur Colombus. A chaque fois, ces affrontements ont eu lieu au même tour des séries, le premier. C’est un très bon point pour le storytelling de la ligue, qui peut utiliser ces « rivalités » comme élément marketing.

Les séries empêchent-elles le spectacle ?

Cette question résume a elle seule le principal poncif utilisé par les défenseurs du système NFL. Selon eux, le système de séries au meilleur des sept matchs (Best of Seven en anglais, abrégé en BO7) gâcherait le spectacle et l’aspect imprévisible du sport. Cet argument apparait comme plutôt pertinent de prime abord. En effet, dans un BO7, les 3 premières rencontres ne sont, quoi qu’il arrive, pas éliminatoires et présentent donc moins d’intérêt qu’un match à élimination directe. Pour les fans, cela semble donc être un aspect plutôt négatif des négatifs qui va de paire un avec un autre : le favori gagne plus souvent lors des séries.

En effet, une équipe présumée plus faible peut créer l’exploit sur une rencontre mais c’est plus difficilement reproductible sur quatre. Or, l’idée de voir David disposer de Goliath plaît souvent aux fans. En revanche, pour les joueurs, un système de série est bien plus équitable et permet aux meilleurs équipes d’avancer dans les séries. L’autre avantage, c’est qu’il diminue l’impact des décisions litigieuses (pour ne pas parler d’erreurs manifestes). Les fans des Saints peuvent en témoigner, tant l’évènement du « no-call » hante encore leur équipe. Sur plusieurs rencontres, les Saints auraient pu espérer renverser la vapeur.

Enfin, sans remonter trop dans le temps, les finales NBA entre les Warriors et les Cavaliers de 2017 ou le septième match de la série entre les Stars et les Avalanches (2020) montrent que les séries savent elles aussi être spectaculaires et réservent leur lot de surprises.

« Oui mais 16 équipes c’est trop, les rencontres ne sont pas équilibrées. »

L’un des autres arguments utilisé pour critiquer les séries éliminatoires en NHL (et en NBA) tient dans le nombre de participant. Lorsqu’un système sélectionne 16 équipes, il apparait logiquement moins sélectif qu’un système n’en acceptant que 12 (ou 14). Effectivement, on pourrait se demander quelles sont les chances d’une équipe terminant huitième face à la première ? En NBA, la réponse simple : faibles voire inexistantes. Les derniers qualifiés de chaque conférence servent plus souvent de sparring-partner à leurs futurs bourreaux que de réels concurrents. En NBA, les 4-0 ou les 4-1 sont plutôt fréquents lors des premiers tours. Mais ce problème existe-il en NHL ?

Pas vraiment, depuis le nouveau système de 2013, seulement deux équipes ayant fini premières de leur division sont effectivement arrivées en finale de la coupe Stanley (en 2016 ndlr). Les surprises restent fréquentes comme les Blue Jackets (vs le Lightning) et à l’Avalanche (vs les Flames) en 2019. Ces deux équipes, huitième de leur conférence ont pourtant balayé un adversaire ayant réussi une bien meilleure saison régulière. Le schéma le plus récurrent dans une finale NHL (depuis le nouveau système) est le 2ème d’une division affrontant le 3ème d’une autre (peu importe la conférence).

L’explication est en réalité assez facile à trouver : il est possible de gagner en ne marquant qu’un but au hockey. Ce qui est impensable au basket, où le nombre de paniers est assez élevé. Enfin, bien que le hockey soit un sport avec 5 joueurs de champ par équipe, les situations d’infériorité/supériorité numérique sont nombreuses. Une équipe plus faible en 5 contre 5 ne le sera pas forcément en 5 contre 4, et peut donc tirer partie de ces situations.

Ainsi, les situations de rencontres totalement déséquilibrées tiennent plus du mythe issu de la NBA que d’une réalité en NHL.

Faut-il ériger les séries éliminatoires de la NHL en système parfait ?

Pas question de considérer les séries éliminatoires de la NHL comme la perfection ! Les sports pratiqués dans les ligues majeures sont foncièrement différents et ne répondent pas aux mêmes problématiques. Les systèmes post-saison mis en place par les différentes ligues répondent donc à des problématiques propres à chaque sport. De ce fait, la NFL ne pourrait pas adopter le système de séries, générant bien trop rencontres. Pour autant, il est nécessaire de saluer les actions de la NHL sur ce coup. La ligue a bien cerné les problématiques du hockey et propose un modèle hybride combinant les points forts des systèmes des autres ligues.

Pour autant, ce système présente lui aussi ses défauts, souvent inhérents au modèle de qualification ou de séries . Mais il n’est ni une simple copie du système mis en place en NBA ni une version low-cost des playoffs NFL. Enfin il n’a pas vraiment à rougir d’une quelconque comparaison avec les playoffs NFL, trop souvent érigés en modèle absolu.

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